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Abstract La première moitié du Xxème siècle a été témoin de l’apparition d’une nouvelle tendance littéraire, à savoir, la littérature maghrébine d’expression française. Considérée comme une des conséquences de la colonisation, cette littérature utilise la langue française comme langue d’expression littéraire. Cette littérature naissante commence par imiter les modèles français qui ont exercé une influence non négligeable sur les écrivains maghrébins de l’époque. Les oeuvres de cette période mettent en lumière la vie sociale et les moeurs quotidiennes de la population maghrébine sous la colonisation. En utilisant la langue du colonisateur comme langue d’expression littéraire, les écrivains maghrébins entendent prouver qu’ils sont capables non seulement d’imiter les modèles français, mais de produire des chefs-d’oeuvre qui sont à même de les égaliser. Considéré comme le père fondateur de la littérature algérienne de langue française, Mohammed DIB appartient à la génération classique, celle don’t la production remonte aux années 1945-1954. Les oeuvres de cette période décrivent la situation déplorable de la société algérienne dominée, la revendication d’une identité arabe collective, les aspirations nationalistes et la quête de l’indépendance. Ces thèmes sont développés à fond dans la trilogie ”Algérie”, objet de notre recherche. Dans cette oeuvre, DIB décrit la vie quotidienne de la famille de Omar sous la colonisation en soulignant les différents problèmes don’t souffre cette famille algérienne (injustice sociale, pauvreté, misère, faim…). Dans notre étude, nous avons tenu à mettre en relief les diverses structures romanesques Résumé utilisées par DIB en vue de transformer sa trilogie en arme de lutte contre la colonisation française. Ainsi avons-nous consacré le premier chapitre à l’analyse du paratexte et des notions de l’incipit et de clôture dans la trilogie. Nous avons prouvé que le paratexte constitue un message implicite que l’auteur adresse au lecteur avant même de commencer la lecture. L’illustration de la couverture, le titre, le résumé de l’ouvrage, les témoignages des critiques littéraires, l’indication générique, sont autant d’éléments qui nouent implicitement un pacte de lecture avec le récepteur et prépare son horizon d’attente. De même, nous avons analysé l’incipit des trois romans où le romancier a opté tantôt pour l’incipit in medias res qui suscite la curiosité du lecteur, tantôt pour l’incipit in post res qui a pour but de donner au lecteur un surplus d’informations à propos des personnages et du cadre spatiotemporel de la fiction. Quant à la clôture des trois romans, nous avons prouvé que ce sont des fins stéréotypes et conformes au genre réaliste. L’auteur n’a pas transgressé le pacte qu’il a noué avec le lecteur dès le début de la trilogie. D’ailleurs, nous avons consacré un chapitre à l’étude du narrateur et du point de vue narratif dans la trilogie. Dans ce chapitre, nous avons prouvé que le narrateur opte pour la narration hétérodiégétique qui lui a permis de critiquer librement les abus de la colonisation, sans craindre le joug de la censure. Au cours de notre analyse, nous avons mis en lumière les diverses fonctions que joue le narrateur. Il raconte le récit, l’organise, fait des sauts en avant et des retours en arrière, opte pour des ellipses ou des sommaires… Ainsi sommes-nous devant un narrateur omniscient qui maîtrise tout le savoir: le passé et l’avenir de ses personnages. Nous avons également abordé les Résumé modalisateurs qui sont des signes qui dévoilent l’attitude du narrateur/énonciateur face à son énoncé. Le discours indirect libre est également un autre procédé qui témoigne de la présence du narrateur dans son récit. Ce discours polyphonique a accordé au narrateur l’occasion de multiplier les voix dans le roman: à maintes reprises la voix des personnages est associée à celle du narrateur afin de dénoncer une situation ou d’assurer une vérité. D’autre part, nous avons étudié le point de vue narratif dans la trilogie. Nous avons décelé que les événements des trois romans sont médiatisés par le regard focalisateur de Omar, le héros de la trilogie. Ainsi ne savons-nous que ce que voit, sent ou entend l’enfant héros. En effet, la description de l’espace est parmi les techniques romanesques que nous avons étudiées dans notre recherche. Nous avons opté pour l’analyse des séquences descriptives qui abondent dans la trilogie. L’espace décrit dans le corpus est organisé selon une dichotomie: espace rural/espace urbain, espace clos/espace ouvert. DIB a abordé dans son oeuvre tous les milieux sociaux sans distinction. La trilogie est donc une transposition réaliste de la société algérienne sous la colonisation. Dans cette partie, nous avons également mis en exergue la symétrie entre l’espace et les personnages qui le peuplent. Quant aux objets, nous leur avons consacré une partie de notre étude où nous soulignons que la description de ces objets reflète, elle aussi, l’état d’âme et la condition sociale de son propriétaire. Considérés comme le pivot de l’intrigue de toute fiction, les personnages occupent une place primordiale dans notre recherche. Nous avons opté pour l’analyse de leur portrait physique, moral, biographique et vestimentaire. Nous avons mis en valeur le rapport étroit entre Résumé l’apparence physique du personnage et ses traits de caractère. De même, l’étude onomastique des protagonistes nous a aidées à découvrir leurs traits de caractère: le nom contribue à dévoiler leur identité. D’ailleurs, nous avons remarqué que la trilogie abonde en personnages appartenant à de différentes classes sociales et à des âges variés, ce qui a permis au romancier de disséquer la société algérienne en vue de présenter une image véridique de l’Algérie à cette époque. En ce qui concerne le dernier chapitre de notre thèse, nous avons abordé la question de la langue dans la trilogie. Nous avons mis en relief que le choix de la langue française comme langue d’expression littéraire n’est pas aléatoire. Par le biais de ce choix, DIB entend adresser un message implicite à l’opinion publique qu’il tente de gagner pour la défense de la cause algérienne. La langue française lui a permis d’être lu par tout le public francophone, ce qui a multiplié le nombre de ceux qui sympathisent avec la cause algérienne. Ainsi l’auteur opte-il pour l’utilisation des techniques d’emprunt et d’interférence qui marquent la suprématie de la langue arabe sur la langue française: la trilogie abonde en termes et expressions empruntés à la culture arabe notamment dans le domaine des aliments, de l’habillement et de la religion. Il convient également de signaler que dans cette partie nous avons étudié la langue utilisée par les personnages. Ayant lieu dans un milieu démuni, la trilogie abonde en termes familiers qui caractérisent le discours des différents protagonistes. Cette fidélité entre la langue des personnages et leur classe sociale a donné une crédibilité à l’image véridique que DIB a voulu peindre dans sa trilogie. Résumé Bref, nous avons constaté au terme de notre recherche que les diverses structures romanesques ainsi que la partie consacrée à l’étude sociolinguistique de la trilogie oeuvrent en concert afin de souligner la souffrance de la population algérienne sous la colonisation d’une part, et sa prise de conscience progressive, de l’autre. |